La première chose à dire sur la méditation, c’est qu’il ne faut pas la confondre avec la concentration. En effet, il s’agit plutôt d’un état de concentration intime qui ne peut être atteint par notre volonté habituelle. Ensuite on peut également dire que la méditation n’est pas quelque chose d’indépendant, mais une étape dans une quête intérieure commune à toutes les disciplines spirituelles. Les noms qui y sont utilisés ne sont pas forcément les mêmes, mais il y a toujours une forme d’attention méditative. Par exemple dans le Bouddhisme la méditation a une place centrale, dans le Christianisme la prière peut devenir une méditation, et on retrouve aussi ces états dans l’Islam mystique (Soufisme) et bien sûr, dans l’Hindouïsme. Avec des méthodes et des noms différents, toutes ces pratiques se référent à un état de conscience particulière qu’on peut appeler méditative, et qui nous enseigne sur notre véritable nature.
Entre 400 av. J.-C. et 200 apr. J.-C., Patañjali a codifié, compilé de façon systématique l’art et la science du Yoga dans les Yoga Sûtras. Il s’agit d’un recueil de 195 aphorismes, et ils servent de base à la philosophie du yoga (Rāja Yoga). On peut dire que c’est une sorte de guide pour la réalisation de notre véritable nature, la quête de Soi. Ou comment réaliser notre nature immatérielle dans un monde matériel, (sachant que l’Esprit est lui aussi considéré comme appartenant à une nature matérielle). Lorsqu’on réalise cette véritable nature, on atteint un état de conscience modifié: le « samadhi » ou l’illumination. On parle alors d’un état d’unification. On n’est plus qu’Un.
Dans les Yoga Sutra de Patañjali, texte fondateur de notre pratique, il faut commencer cette quête par la purification du mental et du corps, maîtriser son souffle. En cinquième place est le retrait de sens, suivie d’une fixation du mental (concentration). Seulement après vient la méditation, comme étape précédant l’illumination.
Donc ce qu’on appelle aujourd’hui les techniques de méditation sont en fait des techniques de dhāranā, ou de concentration. Différentes portes pour un même état. La méditation ne s’apprend ensuite qu’avec l’expérience propre.
Vient la question aussi du but. Chaque discipline a son propre but, et il se peut, qu’après un état méditatif commun à toutes les recherches spirituelles, il y ait ensuite divergence par la suite. En effet, les techniques de concentration vont nous amener à nous concentrer sur une seule chose (une divinité, de la lumière, le soleil, ou l’index droit…) et dans cet acte de concentration sur un seul point, nous pouvons trouver que toutes les disciplines se ressemblent.
Quel est le but de ces exercices en Yoga?
En yoga, le but de ces exercices est de réaliser notre vrai nature, qui n’a pas de nom, qui est atemporelle et qui n’est pas figée dans l’espace, qui est la seule chose qui ne soit pas sujette au changement. C’est une quête intérieure pour atteindre la connaissance de Soi. En réalisant l’essence ultime de l’être, on peut atteindre la délivrance.
En effet, la cause de notre souffrance est attribué dans les textes anciens à la nescience (avidyā), qu’on traduit parfois par ignorance. Nous prenons notre expérience physique pour la réalité. Nous confondons notre ego avec le Soi. On doit donc, par une introspection intense, affiner notre perception grâce à une pratique alliant apaisement, discernement et lâcher-prise (détachement).
Dhyāna ou méditation, est l’expression de cette unification intérieure, dans les Yoga Sūtra. C’est un recueillement. Ce mot vient de la racine DHĀ/DHYĀ qui veut dire poser. Il désigne le mouvement de recueillement intérieur, continu, il évoque le fait de se poser dans le centre avec confiance, dans la stabilité la sérénité.
Objective ou subjective
Nous pouvons méditer de façon objective, upasana: c’est à dire sur un objet (ciel, soleil, lumière), une qualité (compassion, bienveillance) ou sur soi-même en tant qu’objet. Le mental se concentre par un effort soutenu sur cet objet. La méditation subjective nidhidhyāsana ou ātma-vicara n’a pas d’objet, et il n’y a pas d’effort. Il s’agit plutôt d’un regard intérieur vers l’origine même du JE, un processus par lequel l’ego, au lieu d’aller vers un objet comme à son habitude, se replie dans une sa source originelle, ou l’ātman.
Pour pouvoir pratiquer une méditation subjective, il faut de la discipline et de l’expérience qui s’obtient généralement par la pratique d’upasana, ou méditation objective.
Les deux sont complémentaires, il est donc possible d’allier les deux. On peut commencer par une méditation objective afin d’obtenir la concentration et l’attention nécessaire, pour ensuite rentrer dans une méditation qui est orientée sur le sujet.
Pour revenir à ce qui était dit au début sur le fait que la volonté habituelle ne nous permet pas d’atteindre l’état de méditation, on peut dire qu’il y a, au départ, un effort considérable et intense à fournir pour fixer l’esprit et obtenir un état d’attention particulière. Mais ensuite, l’état de méditation ne relève pas du même type d’effort, c’est, quelque part, un état qui nous est donné. Avec la pratique, on peut apprendre à le maintenir.
Dois-je arrêter de penser?
Une question qu’on se pose souvent, c’est celle de l’arrêt du mental. Lorsqu’on pratique les exercices de concentration (dhāranā) préalables à la méditation, il est préférable de ne pas essayer d’arrêter les pensées. On peut d’ailleurs constater que, si l’on fait ça, on est d’autant plus assailli.e! Donc on peut plutôt assumer une place de témoin. Témoin de tous les mouvements du mental, des sensations, etc. Il ne s’agit pas non plus de se « regarder penser ». On observant tous les phénomènes qui apparaissent et disparaissent, et on gardant son attention sur l’exercice proposé, ces « bruits » s’apaiseront d’eux-mêmes.
Pour commencer
La première chose est de trouver votre assise. Faites-vous aider pour trouver quelle est la posture qui vous permet de rester longtemps assis.e sans effort.
Ensuite vous pouvez fermer les yeux ou les garder mi-clos.
Le tout premier exercice passe par la sensation du corps. Un scan corporel lent et méthodique, en cherchant à détendre les muscles en profondeur. Une fois que le corps est détendu, vous pouvez vous concentrer sur votre respiration. Sans chercher à la changer, suivez chaque inspiration et chaque expiration. L’effort à fournir est de rester concentré.e sur la respiration, en laissant tous les phénomènes qui apparaissent dans l’espace de votre conscience aller et venir sans vous y attacher. Cinq minutes peuvent suffire pour revenir à vous, mais si vous pouvez rester plus, profitez-en.
Pour aller plus loin, il est impératif de se faire guider.
Entretien avec Bāla Bernardino Machado, sociologue, physiothérapeute et professeur de yoga à Madrid, avec plus de 18 ans d’expérience. Dans la sociologie, il s’est spécialisé dans l’hindouisme et le bouddhisme. Passionné, il a beaucoup voyagé en orient, à la recherche des savoirs anciens. Nous avons été de la maternelle au lycée dans la même classe, au Venezuela 🙂
Pourrais-tu nous expliquer d’où vient le concept des Pancha Kosha et la différence avec l’idée des Śarīra?
Dans l’Inde antique on s’efforçait continuellement pour trouver la nature la plus profonde de l’être humain. Qui sommes nous? De quoi sommes-nous faits? Sommes-nous corps, esprit, émotions, ou un peu de tout?
Les anciens Rishis (sages) ont réalisé qu’on ne pouvait pas décrire l’être humain seulement comme ce corps physique grossier, mais qu’il avait des composantes énergétiques, émotionnelles et mentales qui devaient être prises en compte. Qu’on ne pouvait pas parler d’Être Humain sans prendre en compte ces éléments.
Dans le but de décrire de la façon la plus précise possible en quoi consistait ce qu’on appelle l’être humain, on a proposé différents systèmes de classification ou diverses façons de comprendre l’anatomie holistique humaine. Le premier système est issu des upanishads et dans l’atmabodha de Shankaracharya et c’est le système des pancha kosha ou les 5 couches ou enveloppes.
Le mot kosha signifie enveloppe ou couche, ainsi, comme les couches d’un oignon qui se superposent, ces couches ensemble forment un tout, qui serait dans ce cas, l’être humain.
Il existe un autre système de classification qui est aussi évoqué dans les textes anciens et un peu plus simple, le système des Śarīra (ou corps). Ce dernier entend le corps comme un système de 3 corps qui se superposent: le physique, l’énergétique et le causal.
Ces deux systèmes sont valides car ils décrivent le même phénomène, avec des approches légèrement différentes. Même si ce sont deux systèmes de classifications différents, on peut les mettre en relation car ils parlent d’une même structure. On peut, en outre, voir qu’il y a des techniques de yoga qui ont été créées pour chacun, et nous obtiendrons :
Chaque corps a une correspondance avec les kosha et on peut les travailler avec différentes techniques.
Notre « couche » la plus grossière est celle en chair et en os, annamaya kosha. En Hatha Yoga nous pouvons faire des pratiques de kriya (techniques de purification) et āsana (postures) pour le maintenir en bonne santé, en plus d’une alimentation spécifique. Disons que c’est le corps avec lequel nous sommes le plus familiers, même si, en fait, nous ne le connaissons pas tellement. Dans ton opinion, quelles sont les pratiques ou techniques que nous pouvons mettre en place dans notre mode de vie occidental pour que ce corps soit en bonne santé et équilibré?
Effectivement le corps physique est celui sur lequel on doit travailler dans un premier temps en yoga. Étant le corps le plus dense, c’est avec lui que nous pouvons travailler le plus facilement, nous pouvons le voir, le sentir clairement et mesurer objectivement les résultats de n’importe quelle routine que nous mettons en place. Avec les autres corps il est plus difficile pour les débutants de mesurer avec précision et clarté les avancées de la pratique. Pour travailler le corps physique nous devons prendre en considération trois facteurs vitaux qui sont souvent évoqués dans les textes yogiques:
l’alimentation : Dans les upanishads il est établi que, lorsque nous consommons des aliments, la partie la plus dense est éliminée, l’intermédiaire est ce qui devient nutriment pour le corps, et la partie la plus subtile est ce qui façonne notre mental. Une mauvaise alimentation va donc non seulement affecter notre santé physique, mais aussi altérer notre mental, le rendant confus, distrait et léthargique. Pour cela, on conseille les aliments satviques (d’énergie subtile) en général, mais pour les débutants, dans tous les cas, diminuer l’apport en sucres raffinés, graisses, alcool et viandes rouges. Il est aussi important d’avoir un corps hydraté, ce qui l’aide dans le processus de purification dont la pratique d’āsana est le départ.
l’exercice : l’exercice physique renforce notre corps et distribue le prana (énergie vitale) de façon abondante à tout l’organisme. L’énergie vitale ou prana est facilement cumulable dans le tissu musculaire, de la même façon que les toxines se cumulent dans la graisse. C’est pour cela qu’en augmentant notre masse musculaire et notre flexibilité dans les articulations, en pratiquant régulièrement des āsana, non seulement on va apporter des bienfaits bien connus pour notre santé en général, mais aussi, on va élever notre niveau de prana dans le corps et ouvrir les canaux (nadis) par lesquels il circule. C’est ce qui permet d’accéder à des niveaux plus avancés en yoga.
les routines de nettoyage et le repos : les techniques de purification comme les shat kriyas, et avoir un bon sommeil, sont très importantes pour avancer dans la pratique des āsanam et de méditation et pour maintenir le corps physique en bonne santé. Les kriyas ou techniques de purification, aident le corps à avoir les conditions optimales pour la pratique. Durant le sommeil profond les tissus se réparent, le corps assimile l’énergie générée par la pratique. Lorsque nous ne dormons pas bien, ou qu’on néglige les techniques de purification, des obstacles intérieurs vont s’opposer à la pratique (fatigue, confusion, paresse, entre autres).
La couche suivante est pranamaya kosha, qui est en lien avec le prana, et donc, en grande partie avec la respiration. Peux-tu expliquer ce qu’est le prana et comment on maintient un bon niveau? Penses-tu qu’il est possible d’intégrer à notre mode de vie une pratique régulière de pranayama, ou pouvons-nous intégrer à notre quotidien des pratiques comme nadi shodana pour trouver un meilleur équilibre? Quelles pratiques peuvent avoir un lien sur ce corps, ou couche?
Le concept derrière le mot « prana » a été connu dans de nombreuses cultures tout au long de l’histoire. Par exemple, les chinois l’appellent « chi » et les japonais « qi », faisant référence à cette énergie/intelligence qui sous-tend chaque processus naturel. Cette énergie vitale est chargée de maintenir les processus naturels organiques en harmonie avec le corps physique. Lorsque le prana n’est pas bien distribué dans le corps humain, il y a des maladies, du fait de la perte de l’ordre et de l’efficacité du métabolisme, qui altèrent les tissus et les organes.
On obtient le prana principalement par la respiration et par l’alimentation. Il est utilisé dans tous les processus physiques et mentaux. Les yogis affirmaient que, pour pouvoir cumuler le prana dans le corps, nous devions arrêter les fantaisies mentales lors de notre état d’éveil, et les émotions qu’elles peuvent causer (positives ou négatives). On conseille également d’économiser tous les processus de pensée et de ménager notre parole, car ils nous font dépenser inutilement le prana.
Pour s’aider à garder un mental calme, les yogis conseillent de pratiquer les pranayamas tels que nadi shodana, qui apaise l’esprit et mobilise le prana dans la principaux canaux énergétiques du corps (ida et pingala nadi); mais aussi de garder une attitude méditative tout au long de la journée, en évitant l’excès d’imagination et les divagations.
Puisque le corps énergétique est intimement lié au corps physique, la pratique d’āsanas va avoir également un effet sur lui. La souplesse du corps aide à ouvrir les canaux énergétiques (nadis). Cependant, le travail par excellence pour ce corps énergétique, est le pranayama et la méditation. Avec une pratique régulière de 10 à 15 minutes de pranayama par jour, et une attitude méditative tout au long de la journée, l’on peut expérimenter des changements positifs dans la pratique de yoga. Il est plus important d’être régulier (soit un peu tous les jours, par exemple 30 minutes à 1h), plutôt que l’intensité (soit 2h 2 fois par semaine, par exemple).
La troisième couche, manomaya kosha, est, pour moi, le seuil entre ce que je connais, et ce que je devine de mon être. On l’assimile au mental, à l’ego, à l’espace où les pensées qui ont un objet se produisent. Même lorsque cet objet est « je ». Comment définis-tu ce corps et quelles sont les pratiques qui peuvent nous aider à l’équilibrer?
Dans cette couche se trouve la pensée discursive du jour le jour, le mental qui s’occupe du quotidien, tous les processus mentaux habituels, depuis la rêverie, jusqu’à la solution à des problèmes. Lorsqu’il est en déséquilibre il travaille en continu, de façon désordonnée et compulsive. Lorsqu’on pratique le yoga, on peut remarquer que l’esprit s’apaise, qu’on peut trouver de plus en plus de silence(s) dans la journée. Et l’on apprend à nous détacher de ces pensées. Lorsqu’on reconnaît les pensées, sans s’y identifier, on peut considérer avoir fait des progrès en yoga. En prenant moins au sérieux nos pensées, l’ego est moins fort, le mental s’apaise et devient plus aigu et concis, organisé et efficace. On peut alors explorer les niveaux plus profonds de conscience qui sont les couches suivantes (vijñanamaya kosha et anandamaya kosha). Pratiquer la pleine conscience au quotidien est la meilleure méthode de méditation pour calmer le mental.
Maintenir notre attention dans l’ici, à chaque moment, nous aide à éliminer de façon efficace les distractions de l’esprit, et nous prépare pour des techniques plus profondes de méditation. Il est préférable d’avoir une attitude méditative le long de la journée, plutôt que de méditer assis une ou deux fois par jour en se laissant divaguer le reste de la journée.
Dans le corps causal on trouve la couche vijñanamaya kosha, qui est celle de l’intellect, ou la connaissance. J’avais noté que c’est ici que les pensées n’ont pas d’objet, qu’ici on dit « Je suis » et non pas « je » . J’ai aussi entendu dire qu’on la compare au subconscient. Comment la définis-tu et comment peut on s’en occuper plus souvent?
Lorsqu’on dit « j’ai un mental agité aujourd’hui », cela implique deux choses: 1. qu’il y a un mental agité (un peu comme une radio ou un perroquet qui parle sans arrêt) et 2. qu’il y a celui qui observe le fait que le mental est agité. Cette seconde couche, qui observe silencieusement les mouvements du mental discursif, est vijñanamayakosha. C’est le témoin des pensées discursives habituelles. C’est à ce niveau profond que surgissent des idées géniales, des épiphanies, inspirations, prémonitions et intuitions. Même si cet intellect fonctionne avec des concepts, il s’agit de conscience, intelligence et créativité pures. Normalement, elle est obscurcie par l’activité continue de manomayakosha, et nous n’y avons pas accès fréquemment. C’est pour cela que, dans des états de méditation, ou de repos absolu lorsque nous n’ pensons à rien de particulier, on a des sursauts de génie, comme la fameuse histoire d’Archimède, qui a arrêter de réfléchir, et s’est reposé dans sa baignoire, et a eu son fameux Eureka.
La couche la plus profonde est anandamaya kosha, de la félicité, et je ne sais pas si on a vraiment contact avec elle, bien qu’elle soit présente en chacun de nous. Comment la définis-tu? Qu’y a t-il au delà?
Le mot « ananda » pourrait se rapprocher de jouissance. (la Joie d’Être). On peut faire l’expérience de cette couche dans de niveaux très profonds de méditation, où l’on transcende les concepts.
Lorsqu’on fait l’expérience du niveau de conscience qui correspond à anandamayakosha, il n’existe plus de pensée discursive, le mental ne fait pas de commentaires sur les phénomènes qu’il perçoit, car en réalité il ne perçoit aucun phénomène, il existe seulement une sensation très profonde d’exister et d’ÊTRE. Alors surgit une sensation d’une conscience lumineuse qui est témoin immuable. Même s’il n’y a rien à percevoir dans ces niveaux profonds de méditation, car on perd totalement les sensations du corps physique, il existe une conscience qui observe, la sensation du JE plus profond, qui est plus forte et radicale que toute autre expérience des phénomènes dans le monde ordinaire et quotidien. C’est la couche la plus profonde de l’Être humain, car c’est la sensation pure d’exister (témoin silencieux) en tant qu’individu.
Quand la conscience du yogi transcende la perception de cette couche, on dit qu’il transcende la dualité et qu’il a accès à l’expérience d’unité (l’on perçoit qu’il existe une seule et unique conscience qui se meut partout). Il n’existe plus la sensation d’un observateur, on est « tout à la fois » au-delà du sujet-objet, ou de toute autre construction conceptuelle. Lorsqu’on va au-delà d’anandamayakosha, la conscience ne s’identifie plus avec un individu séparé du reste (dualité), mais s’étend à une totalité.
Malheureusement, les expériences au delà de ce kosha ne peuvent pas être décrites par le langage, car par nature, elles l’outrepassent. Dans beaucoup de traditions yogiques, on dit que la pratique continue de tapas, (austerités yogiques) brûlent ce kohsa et le dissolvent, (tapas veut littéralement dire chaleur qui brûle, ardeur). C’est dans ce kosha qu’on trouve le bagage énergétique de nos karmas cumulés, sous la forme d’innombrables souvenirs ou identifications avec des êtres, des expériences (samskara). C’est ce conditionnement qui nous ramène encore et encore à l’expérience de maya (illusion), où l’idée d’un « moi » individuel se crée. On dit que lorsque les yogis arrivent à « brûler » métaphoriquement cette couche, alors la conscience universelle, (non individualisée) s’exprime purement à travers les autres koshas. Ce serait le plus haut degré d’illumination possible avec un corps physique, et la personne serait un yogi omnipotent et omniprésent. On peut trouver des histoires sur ce genre de yogis dans des livres comme l’ »Autobiographie d’un yogi » de Paramahansa Yogananda.
Tout dans ce monde est interconnecté, comment sont les relations entre ces couches? Je les comprend comme étant poreuses, perméables. Ce qui arrive dans une couche a une influence sur les couches contigües. Penses-tu qu’il y ait un sens pour travailler de façon plus efficace? Par exemples, si on caricature: commencer par avoir une bonne alimentation et hygiène de vie, pour ensuite s’occuper du prana, faire de la thérapie et finir par une retraite spirituelle ;)? Ou peut-on agir un peu partout à la fois?
Ces systèmes de classification (koshas, sharīras, etc) sont simplement des outils conceptuels pour comprendre avec la pensée le phénomène qu’on connaît comme « être humain ». Cependant, ce sont juste des approximations ou des modèles explicatifs. Dans la réalité, il n’existe pas vraiment 5 couches comme des membranes qui se superposent, mais ces 5 koshas correspondent à 5 niveaux d’expérience humaine, qui ont des caractéristiques propres et uniques, mais qui sont interconnectées, car en réalité nous sommes un seul organisme.
On divise l’humain en parties, simplement pour des raisons académiques d’étude et de compréhension. Tout ce qui a lieu dans un kosha, va affecter les autres niveaux d’expérience vitale (les autres koshas). C’est pour cela qu’on travaille toujours en simultané, même si on met l’accent dans un aspect ou un autre. Selon notre niveau de conscience (par exemple notre capacité de concentration), nous pouvons percevoir avec plus ou moins de clarté les phénomènes plus subtiles pour notre conscience (donc les koshas les plus subtiles).
Lorsqu’on affine notre mental et nous percevons de niveaux plus subtiles, l’expérience individuelle s’enrichit et nous avons accès à des niveaux plus profonds de nous mêmes. Cela peut nous permettre de faire de changements profonds dans nos habitudes, nos préjugés et idées reçues, pour nous mener vers une véritable transformation.
Bernardino Bāla Machado
Pour suivre l’actualité de Bernardino, en espagnol:
Selon l’Āyurveda ou la médecine traditionnelle indienne, qui est une aproche holistique et très complexe de la santé, il existe 3 doshas ou 3 combinaisons d’éléments qui sont présents en toute chose. Notre constitution personnelle va, par exemple, présenter une prédominance de l’un ou deux de ces 3 doshas. Ces 3 doshas sont en constante variation, mais, en général il y a toujours une ou deux qui prédominent. Pour connaître votre constitution, il vaut mieux consulter un médecin āyurvédique, mais il existe des ressources pour s’en faire une idée.
L’Āyurveda nous invite à nous observer, mais aussi à observer notre environnement. Plus on observe le corps de la nature, plus on peut s’observer et mieux comprendre les cycles naturels, les changements perpétuels, et à adapter notre quotidien pour être en équilibre.
Le déséquilibre s’entend, par rapport aux doshas, non pas quand l’un d’eux prédomine, mais lorsqu’il se retrouve en excès, on dit alors qu’il s’aggrave.
Tableau des doshas en ayurveda (photo issue d’une recherche sur internet)
Le dosha Pitta
Ainsi, les saisons sont elles-également sujettes à ces variations. L’été est une saison à prédominance Pitta. (J’avais publié des articles sur les autres saisons et le yoga également: automne, hiver, printemps).
C’est donc une saison où sont présents en force l’élément feu et eau. C’est une saison de transformation, de digestion. Pitta se caractérise par la chaleur, et son siège dans le corps et dans l’intestin grêle, mais aussi dans l’estomac, dans les glandes sébacées, la sueur, le sang, le système lymphatique, et les yeux. Ses qualités sont l’huileux, pénétrant, chaud, léger, mobile, liquide.
Donc quand ce Pitta Dosha est en équilibre, les personnes se caractérisent par leur chaleur, gentillesse, on est attentionné.e.s, satisfait.e.s, la digestion se passe bien, la peau est lumineuse, on a une capacité de concentration accrue, le discours est articulé et précis, on est courageux.se, intellectuel.le.s, vif d’esprit. En revanche en déséquilibre on aura tendance à être en demande, impatients, à avoir un côté perfectionniste, l’irritabilité, la colère et la frustration seront facilement présentes, une tendance à réfléchir sans arrêt. Les maladies liées à ce déséquilibre sont en lien avec la peau ou avec les inflammations en général.
Comment le Yoga peut nous aider à vivre au mieux la saison estivale?
Le Yoga et l’Āyurveda sont intimement liées et sont comme des sœurs. La pratique de Yoga peut donc nous aider à apporter des éléments qui vont aider à équilibrer cette tendance Pitta. On dit en Āyurveda qu’un élément a tendance à attirer le même élément. On aura tendance donc, si on ne fait pas attention, à aggraver une prédominance. Par exemple, si le dosha Pitta est en déséquilibre, naturellement on aura tendance à vouloir faire des activités qui l’aggravent plus: chercher des situations de conflit, avoir du mal à reposer le cerveau et les pensées, s’agiter… On doit donc introduire des éléments contraires: dans ce cas, du froid, du calme, des moments où on ne fait rien.
Une approche globale
L’approche des pratiques comme le yoga ou l’āyurveda entendent que tout est lié et tout ce que l’on fait a des répercussions sur notre bien être général. Ainsi, l’alimentation sera primordiale et on va préférer des aliments faciles à digérer, peu d’épices produisant de la chaleur, en général de fruits et légumes de saison. Mais on fera également attention au sommeil, on peut se permettre des siestes, travailler au frais, si on veut faire des exercices fatigants comme du jogging, les faire le matin lorsqu’il fait encore frais. On pourra même faire attention aux couleurs qu’on porte, plus clairs si on veut moins de chaleur, et aux matières organiques comme le coton, le lin, le chanvre…
En pratique
Il ne s’agit pas tellement de changer les postures qu’on va pratiquer (et on pourrait transposer dans tout ce que l’on fait dans la vie) mais d’adapter la façon dont on les pratique.
On va essayer tout d’abord d’allonger l’expiration. Idéalement un ratio 1:2 (par exempla inspirer pour 4 temps, et expirer pour 8). S’il n’y avait qu’une chose à retenir, ça pourrait être celle-là.
Pour garder cette attention particulière sur la respiration, on peut toujours commencer par la respiration, avant d’entamer le mouvement quelques millisecondes après. Par exemple, je commence à inspirer et ensuite je lève mes bras tout au long de l’inspiration.
Ensuite on se concentrera moins sur l’alignement parfait, on cherche à arrondir les angles. On va donc se détendre sur l’apparence extérieure de la posture et se concentrer particulièrement sur le ressenti. (je dirais que cela est vrai en toute saison d’ailleurs). On cherchera a incarner vraiment chaque posture.
Le drishti est le point de concentration du regard. Le drishti est extrêmement utile car c’est un des secrets pour empêcher le mental de s’agiter, on va faire attention à ce que ce regard ne soit pas rigide. On se concentre sur un point, mais on garde une vision périphérique.
parsva konsasana – variante
Un autre aspect à tenir en compte est le changement de perspective. Je vous propose donc de pratiquer avec une attention particulière sur l’arrière du corps, en essayant de ressentir tout l’arrière du corps dans toutes les postures.
Concernant les postures, on peut tout faire, mais on va peut être choisir, les jours où on se sent vraiment submergé.e.s par la chaleur, ou épuisé.e.s, de faire moins de postures debout, d’ajouter plus de flexions avant et de torsions pour faire circuler l’énergie qui peut stagner dans l’intestin grêle. Quelques extensions arrière, plutôt sur le ventre, pour ne pas générer trop de chaleur, la série de clôture avec salamba sarvangasana, halasana et matsyasana sont excellentes si vous maîtrisez, et toujours finir par un savasana ou Yoga Nidra.
Prānāyāma
les prānāyāma par excellence seront calmants, comme Nadi Shodana, ou rafraîchissants, comme shitali ou shitkari.
Shitali:
En plus de nous aider à prendre conscience de notre souffle, ce prānāyāma calme la soif, la faim, rafraîchit le corps. C’est un exercice qui aide aussi à la pression artérielle haute, réduit la fatigue et combat la mauvaise haleine. Pour le pratiquer, asseyez vous de façon confortable et de manière à avoir le dos droit et être assis sur vos deux ischions (os des fesses).
Fermez les yeux et faite quelques respirations diaphragmatiques jusqu’à être en contact avec votre rythme de respiration. Faites un « O » avec votre bouche et sortez la langue pliée de façon à faire un « U ». Inspirez profondément par la bouche en gardant votre langue et lèvres de cette manière. Oui, ça fait du bruit. Concentrez-vous sur la sensation de fraîcheur. A la fin de l’inspire, fermez la bouche et expirez par le nez. Vous pouvez répéter pendant 2 à 3 minutes, puis refaire quelques respirations diaphragmatiques.
Shitkari:
Suivez les mêmes instructions mais au lieu de sortir la langue pliée vous ouvrez les lèvres comme pour un sourire forcé, afin d’exposer les dents, que vous gardez serrées.
Contrindications : Il est préférable de ne pas pratiquer ces prānāyāma lorsqu’il fait froid, car l’air n’est pas filtré par les narines et les poumons peuvent être affectés. Si vous avez une condition cardiaque, il vaut mieux éviter aussi.
Sūrya Namaskār en sanskrit vient de sūrya, soleil et namaskār, salutation, inclination, adoration.
Dans de nombreuses cultures, le Soleil et la lumière sont sacrés et représentent la conscience et l’éveil spirituel. Notre source principale de lumière est bien sûr le Soleil. Le nom donné en sanskrit au Soleil est Sūrya, mais on verra qu’il en a d’autres. Il représente le coeur de notre monde et le créateur de la vie elle-même. En tant que créateur, le Soleil voit également tout, et on l’assimile à une voie vers le Divin.
Notre corps, pour le yogis représente l’univers entier, et notre coeur, en tant que lieu subtil de spiritualité, est le miroir de l’étoile de notre système solaire. C’est dans ce coeur que réside notre conscience et la sagesse universelle.
Ce qu’on connaît comme Sūrya Namaskār est une séquence d’āsanas ou postures qui fonctionnent avec une alternance d’ouverture et flexion. La Salutation classique du Hatha Yoga est composée de 12 étapes formées avec 8 postures. Vous pouvez suivre d’ailleurs ces explications:
Il existe une certaine quantité de variantes, dont les plus connues sont celles pratiquées en Ashtanga Vinyasa Yoga (Surya Namaskara A et B).
Leur origine est incertaine. Certains affirment que la séquence a 2500 ans ou plus et qu’elle est issue de rituels védiques de prosternation face à l’aurore, avec des offrandes et des récitations de mantras. D’autres affirment qu’elle ne date que du 20ème siècle!
En effet, les recherches menées plus récemment par des chercheurs, montrent que la première mention faite sur l’enchaînement de postures de prosternation qu’on appelle Sūrya namaskār, se trouve dans un commentaire du XIXe siècle, sur le texte du XVe siècle, le Hatha-Yoga-Pradīpikā. Et le commentaire préconise de proscrire cette pratique !
Selon Mark Singleton, l’enchaînement (et les variantes) qu’on connaît aujourd’hui, a été mis en place au début du XXe siècle par Pant Pratinidhi, qui était en fait culturiste. Il en ventait les bienfaits pour la santé, et c’est via des pratiquants du culturisme (ou bodybuilders) que cet enchaînement a été intégré au yoga par Krishnamacharya, consideré comme le père du yoga moderne tel qu’on le connaît aujourd’hui.
Et bien que tout ceci se passe au début du XXe, l’influence de traditions ancestrales est certainement vraisemblable.
Comment on pratique ?
En général, on accorde la respiration avec le mouvement, une inspire pour les mouvements en ouverture, et l’expire pour le mouvement suivant en flexion. Avec l’exception d’une rétention d’air à l’une des postures centrales.
Pourquoi on la pratique?
Dans notre pratique contemporaine de yoga posturale, cette séquence est un échauffement idéal, où l’on travaille toutes les articulations, la synchronicité de la respiration avec le mouvement, la résistance, la force et la souplesse. Elle est en soi une pratique globale qui peut se compléter par quelques ouvertures de hanches et des torsions.
Elle prépare aussi le corps à plus de concentration, car une fois l’énergie canalisée, la respiration devenue consciente, et le mouvement se faisant de manière répétée, l’esprit s’apaise et l’attention peut être dirigée plus facilement.
Il est donc possible de pratiquer cette série avec différentes intentions:
énergétique: en travaillant la respiration consciente notre énergie vitale (prana) est augmentée
mentale: dans le sens où nous apportons notre attention sur un ou plusieurs points de concentration.
Quelques exemples: attention au souffle attention sur un point physique (par exemple les paumes de mains) ou subtile (un centre energétique) du corps concentration sur les chakras avec le chant des mantras ou bījas mantras (mantras racine)…
En effet, le Soleil a 12 noms en sanskrit, et on peut faire correspondre chaque posture à chaque nom. Chacun de ces noms porte une qualité ou une nuance différente de la Divinité Soleil, lien avec notre nature profonde. On peut donc pratiquer en chantant intérieurement chaque mantra pour chaque posture, ou chanter un mantra avant une salutation complète, jusqu’à compléter les 12 salutations.
Bija mantra
Salutation / Mantra
Chakra
1
om hrām
ॐ ह्रां
Salutation à celui qui est affectueux pour tous
om mitrāya namaḥ
ॐ मित्राय नमः
Si vous avez suivi plusieurs cours de yoga avec des professeur.e.s différent.e.s vous aurez remarqué des différences. Les différences posturales n’ont pas vraiment d’importance, à mon sens (sauf si elles induisent des potentielles tendinites, etc) mais l’important est dans l’intention avec laquelle on la pratique! Quelle est la vôtre?
Si vous voulez vous amuser, tapez « salutation au soleil » sur votre moteur de recherche, et regardez les vidéos. Vous aurez des tas de variantes et façons de l’expliquer! Pour une source assez complète avec un PDF expliquant chaque posture, vous pouvez suivre ce lien: http://www.yogamrita.com/blog/2011/06/01/surya-namaskar-la-salutation-au-soleil/
Aussi perçante soit la vue, on ne se voit jamais de dos.
proverbe chinois
Le monde du Yoga n’est pas exempt d’abus, malheureusement. Actuellement, grâce à l’élan du mouvement #MeToo, les vagues déferlent dans les écoles les plus prestigieuses, et la parole se libère, notamment outre-atlantique. Même si ce n’est pas nouveau, comme vous pouvez le constater avec cet article de 2015, ce n’est que récemment que les plaintes semblent être mieux entendues, bien qu’on soit encore loin de la transparence idéale.
J’écris cet article car, d’une part, je ressens le besoin de mettre par écrit mon indignation face à tout abus de pouvoir, quelque soit le milieu, mais d’autant plus dans le milieu du Yoga, où le principe fondamental est ahimsa ou la non-violence.
D’autre part pour donner quelques indications à toute personne qui se rend à un cours de yoga et spécialement à mes élèves.
En effet, en ce moment et à ce sujet je lis et j’écoute des podcasts de différents intervenants (surtout en anglais) autour de la pédagogie inhérente au yoga, je me rends compte qu’il est important de clairement statuer certains principes.
Il s’agit ici de deux types d’abus, abus sexuels et abus de pouvoir pendant les cours, par une manipulation psychologique et/ou de mauvais ajustements causant notamment des blessures ou des séquelles physiques. Parfois les deux sont mêlés.
Surtout dans le monde anglo-saxon, le débat sur l’abus de pouvoir dans le monde du Yoga est plus que jamais d’actualité. Récemment K. Patthabi Jois, fondateur de la célèbre méthode Asthanga Yoga, a été reconnu publiquement coupable d’abus sexuels ainsi que d’avoir causé des blessures par des ajustements pour lesquels les élèves n’étaient pas préparés, après des années que certaines élèves avaient osé parler. Il aura fallu attendre des années (même après sa mort) pour que sa culpabilité soit admise par grand nombre de ses disciples et même par son petit-fils, Sharath Jois, qui assure la suite, et qui a enlevé toute référence à son grand-père dans son site et a reconnu dans un post Instagram les mauvais ajustements que pouvait faire son grand-père. Sa culpabilité fait encore débat dans la communauté d’ashtangis. De même pour B.K.S. Iyengar, connu par ses ajustement brusques (il pouvait taper, crier, etc) on reconnaît enfin que ce n’était pas vraiment aller avec les principes de bienveillance et de tolérance. Cette excellente école, qui est très verrouillée dans ces certifications, connaît également des agresseurs sexuels. Bien d’autres noms sont à ajouter à la liste, mais mon intention n’est pas de dresser une liste exhaustive, mais de signaler simplement que, comme partout, l’abus existe aussi en Yoga, malheureusement même à des hauts niveaux. Sans parler des professeurs inconnus qui peuvent sévir sans forcément être inquiétés.
Une question se pose, comment ça se fait que les élèves n’aient rien dit? Que des témoins n’aient pas agi? La remise totale du pouvoir à une personne sur son corps n’est jamais saine, mais elle est possible lorsqu’on est face à des manipulateurs/prédateurs expérimentés. Faut-il rappeler que ce n’est jamais la faute des victimes? En revanche il est important de parler s’il est dans votre capacité, pour éviter de perpétuer des tels comportements.
Qu’en est-il des ajustements?
ajustement en parsvakonasana
Pour en venir aux ajustements posturaux, je commence par mon expérience personnelle. J’ai participé à énormément de cours différents, avec des professeur.es différent.es. Certain.es enseignant.es ne touchent jamais les élèves, d’autres beaucoup, d’autres peu. Je pense avoir reçu des ajustements qui n’étaient pas forcément nécessaires, jamais d’ajustement déplacé, heureusement. J’ai reçu en revanche des ajustements qui m’ont permis de comprendre différemment une posture, et d’un coup avoir une évolution dans la perception de mon corps et de ses capacités. Dans mon expérience, les ajustements peuvent donc être très utiles lorsque l’intention ou la compréhension intellectuelle ne semblent pas se manifester physiquement. Ils peuvent être comme des petites révélations sur notre propre corps.
J’essaye donc dans mes cours d’apporter ces ajustements bienveillants qui peuvent aider un.e élève à trouver une meilleure compréhension. Mais il n’est pas question ni de brusquer, ni de forcer, comme peut être le cas de certains ajustements.
Nous n’avons pas tous la même anatomie, donc pourquoi on devrait tous avoir la même forme dans une posture?
Mais il se trouve que dans le monde du Yoga parfois des professeur.es se sentent autorisé.es à faire ce qu’ils veulent avec le corps de l’élève. Des témoignages sur des ajustements brusques ou fatals ne manquent pas. Ou des ajustements avec attouchement sexuels. Ce n’est pas parce que vous êtes dans un cours que vous devez abandonner votre corps à l’enseignant.e, même si évidemment il vaut mieux lui faire confiance si vous suivez ses cours régulièrement. Les profs de yoga ne sont pas forcément médecins, kinés ou ostéopathes, les écoles de Yoga ne préparent pas forcément à approcher tous les corps et les manipuler, et il dépend souvent de l’élève professeur.e de se former davantage en anatomie. Et ce sont des êtres humains avec tout ce que cela comporte. Alors aucune raison d’avoir peur de refuser un ajustement. Malheureusement, avec l’abus de pouvoir il y a souvent une manipulation psychologique qui s’est instauré et on peut être « sous emprise ». On peut ajouter aussi qu’il peut y avoir des victime d’abus et un certain type d’ajustement peut faire remonter des mauvais souvenirs. C’est d’autant plus difficile de dire non.
C’est évidemment des exceptions, et il y a plein de profs qualifié.es, bienveillant.es et capables de se remettre en question.
Il est impossible pour un être humain de savoir ce qu’un autre être humain ressent véritablement.
Se pose donc la question, pour moi, de l’intention. Pourquoi je fais du yoga? Est-ce pour faire un virabhadrasana II (guerrier II) absolument parfait, quitte à devoir remplacer mes hanches dans 20 ans? Ou est-ce pour apprendre un peu plus sur moi même? Certes, lorsqu’on donne une forme à notre corps, qu’on le contraint, on apprend à le connaître, mais l’idée c’est de le connaître aussi pour savoir jusqu’où aller, et savoir aussi dire non merci, je ne veux pas de votre ajustement, madame l’enseignante ou monsieur le professeur.
Alors, pour mes élèves et tous les élèves, ayez à l’esprit quelle est votre intention lorsque vous faites du yoga. Parlez-en avec votre professeur.e si vous avez un doute. Pour ma part, je ne suis que trop heureuse quand vous me faites part de vous doutes ou remarques, alors n’hésitez surtout pas. Je considère mes cours comme un espace de partage. Je partage ce que j’ai appris et mon expérience, mais de façon horizontale, car j’apprends énormément des élèves aussi. Il n’empêche qu’on peut parfois blesser quelqu’un sans faire exprès, par un mot, par un geste, par exemple.
Je veux qu’il soit clairement établi que je ne suis pas là pour aller contre votre gré, et que vous avez toute la liberté de me dire non. Ou de venir me voir, m’écrire un mail, me téléphoner s’il y a quelque chose dans mon comportement ou mes paroles qui vous ont dérangé.
Le Yoga est union, inclusion. Il y a une richesse dans sa multiplicité, tant de pratiques que de façons d’enseigner. Et dans inclusion il y a vous aussi. Il ne peut pas y avoir de « je », ou du moins de « je sais mieux que toi ».
Si cet article vous touche, vous interpelle, je vous invite à commenter, voir à le partager dans son intégralité et en y mettant le lien. Je n’autorise pas la citation partielle sans demande préalable.
En tant que femmes, nous sommes périodiquement confrontées à des changements. Nous sommes traversées par les rythmes des changements hormonaux. Cela fait partie de notre féminité.
Sans rentrer dans une standardisation (on veut en sortir, au contraire!) nous avons toutes 4 phases principales en rapport avec notre cycle menstruel et qui correspondent également à des cycles lunaires. Vous pouvez voir plus bas le détail ⬇️ Toutes les femmes, que nous ayons un cycle irrégulier, sous pilule, en ménopause, quelque soit notre âge, sommes reliées par ces 4 cycles qui nous traversent.
Apprivoiser ces cycles veut dire, pour moi, comprendre, accepter et aimer ma nature changeante, cyclique… lunatique!
Je suis de celles qui connaissent des cycles en montagne russe. Avec des hauts et des bas plus ou moins importants. Je n’ai compris que récemment que certains de mes états d’âme étaient simplement une façon pour mon être de communiquer, et moins on entend son corps, plus il fait de bruit. Grâce à cette compréhension intellectuelle, mon corps se sent entendu, et du coup le passage de ces cycles est déjà moins perturbateur.
Comment le Yoga rentre là dedans? La pratique du yoga nous relie à notre corps. Lorsque je sais dans quelle phase je suis, je peux comprendre avec plus de subtilité ce que la pratique physique (āsana) peut jouer comme rôle. Vous l’avez déjà en vous. Quand vous avez vos Lunes, peut être que vous n’allez pas en cours. Vous avez besoin de rester au chaud, chez vous. Mais si vous savez que vous êtes en phase active et dynamique, vous sentirez une classe dynamique de façon fluide, vous oserez peut être des postures que vous n’aurez pas fait à un autre moment, et ainsi de suite. Vous sentez peut-être aussi qu’à travers la méditation vous pouvez vous relier et faire confiance à votre subconscient, spécialement dans la phase créative et contemplative.
Pour faire confiance à notre corps, nous devons le connaître, avoir un espace pour l’écouter. La pratique du Hatha Yoga est une voie de connaissance. Le corps est notre véhicule, mais aussi notre organe percepteur. Ce sont nos sens qui perçoivent le monde, notre esprit qui analyse et classe les sensations reçues, à l’origine du « j’aime/j’aime pas ». Si on revient aux sensations pures, on peut essayer de percevoir les choses avant qu’elles ne soient classées en « agréable/désagréable ». On peut donc rester dans l’observation sans commentaire et sans jugement à laquelle nous invitent toutes les pratiques de pleine conscience.
Si on reprend les 8 piliers du Yoga, les yama et niyama nous aident à mieux connaître notre comportement et purifier nos intentions. Dans la pratique posturale (āsana), on apprend de notre corps, comment il est fait, nos limites, nos ouvertures. On se dépasse et on accepte aussi lorsqu’on ne peut pas aller là où notre ego aurait voulu. Dans la pratique de prānāyāma (exercices de souffle), on apprend à connaître des niveaux plus subtiles d’énergie et leurs mouvements. Dans la pratique du Yoga Nidrā on s’exerce à reconnaître nos sens, les mettre en retrait ou les retourner vers le Soi (pratyahāra) et la façon dont nous traitons les informations, pour se familiariser avec notre témoin intérieur. Pratique qu’on explore aussi dans la médiation (dhāranā et dhyāna).
Tout cela est mêlé, rien n’est vraiment compartimenté, et c’est dans l’observation que nous pouvons apprendre et avancer. Observer la présence d’une sensation, pendant un cours de Yoga ou pendant que vous faites vos courses, c’est ressentir, retarder la réaction, et éventuellement, via un lien avec votre respiration, assimiler et absorber. Donc mis à part la douleur, liée à un état nécessitant l’intervention d’un médecin, toutes les sensations corporelles, des plus fortes comme un mal de tête, aux plus subtiles comme les pulsations du sang dans les veines, sont des opportunités pour s’observer, se connaître, s’écouter et s’accepter.
Grâce à d’autres femmes, qui font se travail d’observation depuis la nuit de temps, et à celles qui le transmettent (voir plus bas des ressources), nous avons des informations que notre intellect peut assimiler, où on peut se reconnaître, peut être pas à 100%, mais l’idée c’est de s’en servir comme guide intuitif pour découvrir nos cycles personnels et ses caractéristiques propres.
Ces 4 phases sont
Phase DYNAMIQUE / Pré-ovulatoire / Lune Croissante / Vierge ou Jeune Fille Phase EXPRESSIVE / Ovulatoire / Pleine Lune / Mère Phase CREATIVE / Pré-menstruelle / Lune Décroissante / L’Enchanteresse Phase CONTEMPLATIVE / Menstruelle / Nouvelle Lune / Sorcière
Ces caractéristiques peuvent être plus ou moins exactes selon chacune d’entre nous. Chacune a son cycle personnel. Les données concernant le processus biologique varient aussi d’une femme à l’autre, on peut donc avoir des femmes avec des cycles de 28 jours et d’autres 35. Tout le but est que ce guide permette de repérer votre cycle à vous.
Plus ou moins à la fin des Lunes – dure environ 7 jours
La phase pré-ovulatoire ou folliculaire est en général comprise du 1er jour des règles et dure 14 jours, pendant lesquels l’hypophyse sécrète la FSH (hormone folliculo-stimulante) et on produit de l’oestrogène progressivement. Ici on tient compte des 7 jours environ après la fin des règles.
Elément AIR / Saison PRINTEMPS
C’est le moment où l’énergie se tourne vers l’extérieur, en ouverture.
L’archétype de la vierge ou de la jeune fille : Comme on ne peut pas tomber enceinte, c’est l’aspect de la jeune fille en plein souffle de vie, avec un pic d’énergie, en optimisme, expansion, communication.
Physiquement on est endurantes, téméraires. Émotionnellement on peut sentir de la rébellion, un besoin d’indépendance et l’on doit jongler lorsqu’on donne beaucoup au quotidien, pour ne pas tomber dans la frustration.
Si on ressent de la fatigue, probablement on ne s’est pas assez reposée dans la période précédente.
On peut aussi sentir qu’on part dans tous les sens, on pourra donc essayer de se canaliser et planter les graines d’intentions avec en vue ce qu’on veut récolter plus tard dans le mois.
LA PRATIQUE: Dynamique, c’est le moment de se mettre des défis, mais sans en faire une compétition. Il est important en yoga de ne pas pratiquer dans le but d’obtenir des résultats. Prenez-le plutôt comme un jeu. Les résultats viendront quand-même, le moment venu.
Approximativement du 14ème au 20ème jour du cycle (Ovulatoire)
Après 14 jours, il y a un pic de « LH » (hormone lutéinisante) qui est sécrétée par l’hypophyse tout au long du cycle. Cela provoque l’explosion de l’un des follicules (voire même de plusieurs) et la libération de l’ovule qu’il contient environ 38 heures plus tard. C’est la période d’ovulation. La glaire cervicale est translucide, aqueuse, alcaline.
Elément EAU / Saison ÉTÉ
C’est le moment où l’on a envie de nourrir, d’entretenir la vie, de communiquer.
L’archétype de la mère: la volupté, la sensualité et la douceur. C’est l’amour tourné vers les autres. On aime aider les autres, soutenir, réconforter, célébrer la vie. On est focalisé sur les autres et moins sur soi. C’est la phase rayonnante et celle qui est valorisée par la société de la femme aimante et attentive. C’est le moment d’honorer son corps, d’initier de nouveaux projets, de donner vie (au sens propres comme à des projets, des idées). La capacité de communication étant au maximum, c’est le moment de faire ensemble, de partager de projets. Il y a une vraie connexion avec la nature.
Si on se donne on s’oubliant soi-même, on peut se perdre. D’où l’importance de s’occuper de soi pendant les phases d’introspection. Nous pouvons être notre propre mère.
On peut en ressentir de la fatigue, ou un sens de devoir sauver les autres, quitte à les contrôler ou les surprotéger.
LA PRATIQUE: laisser le temps à chaque posture, rester exigeante sur vos efforts. Qualité plutôt que quantité. On intègre des postures qui stimulent le ventre, comme les flexions avant et les torsions, pour débloquer les énergies stagnantes et faire circuler. Si vous cherchez un enfant ou si vous avez un déséquilibre hormonal, toujours intégrer des inversions douces avec support, comme setubandhasana (le demi-pont avec une brique) ou viparita karanī jambes contre un mur.
Approximativement du 21ème au 28ème jour du cycle (Pré-menstruelle)
Après l’ovulation, la « coquille vide » du follicule produit de la progestérone. Elle a pour but de préparer l’utérus à l’implantation éventuelle d’un œuf fécondé. Lorsque l’ovule n’est pas fécondé, l’énergie qui aurait été requise pour faire un enfant doit être re-dirigée, et en même temps elle baisse.
Elément FEU / Saison AUTOMNE
L’énergie commence à décroître avec, en même temps, des pics d’énergie. C’est le moment de faire un bilan.
L’archétype de l’enchanteresse: le mystère, la maturité, la finesse et la sensualité, la vulnérabilité, spiritualité. Notre part d’ombre commence à surgir, et on doit peut apprendre à l’aimer et accepter que nous ne sommes pas linéaires. A l’automne, la nature ralentit et ce qui n’a pas été récolté meurt et se transforme en terreau riche et fertile. Le besoin de ralentir se fait sentir et nous montre notre nature cyclique. On doit rompre avec l’injonction d’être constantes.
Il est important de prendre le temps et laisser exprimer notre force créative à travers n’importe quelle voie (chant, danse, peinture, théâtre, musique…) et aussi faire le tri et identifier ce qui ne nous sert plus pour s’en débarrasser. On se pose la question « qu’est ce que JE VEUX faire », et on s’écoute, car il y aura des pics de fatigue avec besoin de revenir à soi, et des pics d’énergie à laquelle on laisse la porte ouverte.
Comme nous ressentons deux courants opposés en nous en même temps, on peut avoir tendance à être dures et impatientes. Tendance à être critique envers nous-mêmes. La remise en question est importante, mais en équilibre. En utilisant bien cette énergie, elle peut guider vers la guérison. Reconnaissant nos besoins et se rappelant que les prochaines phases du cycle suivent.
PMS: j’avais fait un atelier axé sur le syndrome pré-menstruel. Lorsqu’il y a des signes et symptômes importants, cherchez de l’aide auprès des professionnels, essayez jusqu’à trouver la bonne personne! Moins on écoute le corps, plus il fera du bruit.
En effet, la pratique elle même peut changer votre état. Soulever votre esprit, apaiser vos crampes et vous rendre plus disponible pour ceux autour de vous. Chez moi, bizarrement tout le monde a des choses à faire à l’extérieur pendant cette période, tellement je deviens démoniaque. Mais après une pratique qui m’aide à accueillir cet état, je deviens moins irritable. Donc je me traîne jusqu’à mon tapis et je laisse la magie s’opérer.
il s’agit d’apprendre à accueillir et accepter les choses, sans vouloir les changer. Mais le simple fait d’accueillir, change notre rapport à la situation.
LA PRATIQUE: elle sera axée sur l’introspection et les émotions. Avec un accent sur les flexions avant et les ouvertures de hanches, mais prenant soin d’ouvrir le corps tout entier. Si vous souffrez de tension pré-menstruelle, pratiquez en douceur, avec peu de postures mais toutes soutenues avec des coussins, sangles, briques, pour vous apaiser.
Commence plus ou moins le 1er jour des règles. La production de progestérone s’arrête, l’endomètre (couche superficielle de la muqueuse de l’utérus, hautement vascularisée) s’élimine partiellement s’il n’y a pas eu fécondation, ce sont les règles.
Elément TERRE / Saison HIVER
L’énergie est tournée vers l’intérieur. Besoin de repos. Fatigue physique et mentale.
L’archétype de la sorcière: Âgée mais sans âge. Sagesse. C’est l’ombre de notre personnalité, besoin de nettoyage. Nous retournons à la terre. Stabilité. Enracinement.
C’est l’occasion de célébrer l’incroyable capacité du corps de la femme. Peut être en portant du rouge? S’autoriser la solitude et l’immobilité.
Il peut être difficile de prendre vraiment l’initiative de ralentir, de se retirer, d’accepter que le monde extérieur n’est plus une priorité. Accepter sa vulnérabilité. En connaissant notre cycle on peut prévoir des journées calmes avec moins de rendez-vous et d’engagements. De la pause qu’on fera, dépendra le reste de notre cycle.
Il n’est pas normal de souffrir pendant les règles. Cherchez un avis médical si c’est votre cas.
LA PRATIQUE: pendant cette période nous avons une forte connexion avec notre inconscient, on peut trouver des réponses en nous mêmes. Pratique de yoga « restauratif » qui est aussi à pratiquer dès qu’on sent un déséquilibre entre ce qu’on donne et ce qu’on reçoit, ou au moment de transitions. Pratiquer au chaud. En plus de la fiche que vous trouverez dans l’onglet ressources, vous avez un exemple de pratique dans le précédent article concernant le syndrôme pré-menstruel.
MENOPAUSE
La pré-ménopause commence généralement autour de 45 ans où les niveaux de progestérone et oestrogène baissent. La ménopause c’est quand on a passé plus de 12 mois sans règles.
Il faut sortir du tabou, de l’image de la femme ménopausée (ou faisant des fausses-couches ou avortements) comme étant inutile. La valeur de procréer n’est pas la valeur de femme.
En général, on peut se relier au cycle de l’Enchanteresse (phase pré-menstruelle) où l’énergie est re-dirigée vers la spiritualité, la subtilité.
Vous pouvez aussi suivre intuitivement les pratiques selon l’état d’âme du jour.
Comme toute transition, travailler vers l’acceptation du changement adoucit le passage.
Il peut y avoir des symptômes comme les bouffées de chaleur, sueurs nocturnes, migraines, sauts d’humeur, saignements vaginaux anormaux, sécheresse vaginale.
Faire le deuil de la phase mère pour atteindre une libération. Libération du cycle menstruel. Libération sexuelle.
C’est le moment de faire le bilan avec un grand B, faire des choix en accord avec notre être profond. La pratique de Yoga Nidrā est très utile.
Atteindre une profonde et grande sagesse pour devenir femme complète.
Sources et ressources
Vous avez une fiche avec des séances types qui peuvent vous aider lorsque vous sentez un besoin particulier, à télécharger dans l’onglet ressources.
Pour apprendre à se connaître:
faire de l’écriture intuitive de 5 à 10 minutes (ou nombre de pages minimum) sans s’arrêter et sans réfléchir et sans chercher du sens. Le sens émergera tout seul. Personne ne lira, c’est juste pour vous. Sinon vous pouvez commencer par « Aujourd’hui je me sens… »
faire un carnet lunaire: chaque jour vous notez en quelques mots vos émotions, niveau d’énergie, envies, activités, rêves, la phase de la lune et tout ce qui vous paraît important. Vous prenez les notes dans un carnet et ensuite vous pouvez en faire un diagramme (vous trouvez plein d’exemples sur le net) en explorant l’aspect cyclique. Il sera divisé en 4 mais chaque phase sera plus ou moins longue selon votre cycle. Les phases peuvent se superposer. Laissez votre créativité s’exprimer.
rituels: à vous d’inventer, vous inspirer ou créer des rituels qui vous semblent justes. Sans pression!
Ce stage a été largement inspiré dans l’aspect théorique par le programme proposée par Cécile Doherty-Bigara et Ilia Renon « Pause Sacrée ». Pour celles qui ont des comptes instagram, je vous invite à les suivre! @pausesacree
Yoga, Joyaux de la femme – Gita S. Iyengar
Extrait de la bibliographie proposée par Pause Sacrée:
Femmes qui courent avec les loups– Histoires et mythes de l’archétype de la femme sauvage – Clarissa Pinkola Estés Beauté Fatale – Mona Chollet Sorcières – Mona Chollet La puissance du féminin – Camille Sfez Au nom du corps – Caroline Gauthier Yoni Shakti – Uma Dinsmore Tuli Lune Rouge – Miranda Gray Pour explorer les secrets du cycle féminin (Rituels de Femmes) – Johanna Dermi et Serena Zigrino Gardiennes de la Lune – Stéphanie Lafranque et Vic Oh Sagesse et Pouvoir du cycle féminin – Marie-Pénélope Pérès et Sarah-Maria Leblanc La médecine des femmes – Mona Hébert Manuel de gynécologie naturopathique à l’usage des femmes – Rina Nissim Pour s’ouvrir à la magie de la vie (Rituels de femmes) – Naty Davillars Ceci est mon sang – Elise Thébaut La Femme Shakti – Vicki Noble
Une des raisons principales pour travailler profondément l’articulation des hanches en yoga est celle de libérer le bas du dos, améliorer ainsi la posture et avoir un meilleur équilibre général entre le haut et le bas du corps.
Comme vous le savez, nous ne pouvons pas réellement isoler une action. Notre action sur nos hanches aura des conséquences sur toute la posture, sur les épaules par exemple. Donc il est nécessaire de toujours envisager votre pratique comme globale.
D’abord d’un point de vue physique, mais on peut aussi être sensibles aux sensations plus subtiles, énergétiques et émotionnelles.
Selon le tantrisme hindou qui donne naissance à la théorie des chakras, le bassin y est associé aux deux premiers. Le chakra racine Muladhara charka et le second, Svadisthana chakra. Ils seraient en lien avec nos racines et nos besoins primaires et aussi avec nos émotions, notre créativité et le plaisir. Les éléments associés sont Terre pour le premier et Eau pour le second. L’élément de ce centre est l’eau et la planète Lune. Tout ce qui est liquide dans notre corps (lymphe, glandes, larmes, sang, fluides) va être affecté par notre travail conscient sur cette zone, qui aura également une influence sur nos états émotionnels.
D’un point de vue anatomique, en yoga, nous sollicitons les hanches dans pratiquement toutes les postures. C’est une articulation qui a des multiples mouvements avec plus de 20 muscles qui y passent. Abducteurs, adducteurs, fléchisseurs, extenseurs, rotateurs…
Lorsque nous assouplissons les hanches nous améliorons notre posture au quotidien et soulageons le dos. Cet assouplissement va de paire avec la stabilisation du « centre » et des muscles abdominaux.
aperçu de l’articulation de la hanche, vue de face
Mais s’il y a une chose à retenir, c’est que nous n’avons pas tous.tes la même structure. J’en parlais dans l’article sur les articulations. Certaines de nos limitations peuvent être liées simplement à notre squelette, et pas forcément à notre souplesse. Et lorsqu’on travaille sur la souplesse, il ne faut jamais oublier de travailler aussi le renforcement, au risque de se blesser, ou de créer de faiblesses à long terme.
Les grands mouvements de la hanches /bassin sont:
Inclinaison du bassin : sur le même plan, comme dans un « déhanché ».
Flexion: rapprochement du torse et des cuisses, comme dans bālāsana, la posture de l’enfant
différents squelettes en flexion avant de la hanche – Paul Grilley
Extension: jambes derrière le torse, comme dans salabhāsana, la sauterelle
Adduction: les jambes l’une vers l’autre, comme dans garudāsana, l’aigle
Abduction: les jambes loin l’une de l’autre, comme dans prasarita padottāsana, la flexion avant jambes écartées
différents squelettes en abduction du fémur – Paul Grilley
Rotation Interne: lorsque l’intérieur des cuisses vont l’un vers l’autre, comme dans virasana, assise à genoux, bassin entre les deux pieds.
Rotation Externe: l’intérieur des cuisses s’éloignent l’un de autre comme dans baddha konāsana, le papillon
Souvent ces mouvements sont combinés.
La façon dont nous abordons les mouvements visant à ouvrir les hanches peut nous parler de nous mêmes, et il est conseillé d’approcher toutes ces postures, surtout les plus difficiles pour vous, avec détachement, en vous laissant aller, et en acceptant l’endroit où vous vous trouvez actuellement. La respiration fera son travail doucement et sur la longueur.
Dans toute pratique de Hatha Yoga équilibrée, il y aura suffisamment de postures travaillant les hanches, donc il n’est pas nécessaire d’insister sur une pratique spécifique en dehors d’ateliers ou stages ponctuels, à moins d’avoir une raison particulière pour le faire. Le tout est de connaître votre corps, établir clairement votre but et vous donner les moyens pour y parvenir, à l’aide notamment d’un.e professeur.e.
Pour aller plus loin je vous invite à consulter notamment:
– l’ouvrage de Blandine Calais-Germain « Anatomie pour le Mouvement ».
En début et en clôture des cours nous chantons 3 fois le mantra OM qui est le son primordial, représentant toute la création, pour lequel j’avais fait cet article. Il est suivi parfois d’un chant qui ne vous dit peut être rien. Il s’agit de chants sacrés, ou mantras. Il en existe des milliers, et ils sont extraits de textes sacrés comme les Védas. Personnellement j’en connais par coeur moins d’une dizaine et je les choisis en fonction de mon intuition sur le moment.
Cet article n’a pas pour but de vous faire un cours approfondi sur les mantras, mais plutôt de vous aider à comprendre pourquoi on les chante et comment faire si vous voulez les apprendre.
Un mantra est une formule sacrée, une maxime. Formé d’une ou plusieurs syllabes en sanskrit, provenant pour les plus anciens des textes sacrés appelés Véda (3500 ans avant notre ère). Sa vibration (qui peut être audible ou dans l’espace intérieur de la conscience) est capable de transformer l’état vibratoire autour de nous et en nous. D’où l’importance d’une prononciation correcte.
Il faut savoir que les Véda sont des textes « révélés », c’est à dire que des rishis ou sages, ayant atteint un état de conscience particulière et réalisant leur vrai nature, ont pu transmettre, d’abord oralement, ces mots en sanskrit, dont les vibrations sont une expression de la réalité ultime.
Étymologiquement mantra veut dire « l’action de dire une parole secrète ou protégée ». Leur utilisation n’est pas spécifique de l’hindouisme, mais se retrouve aussi dans le Bouddhisme et d’autres traditions en Orient, et même dans certaines branches du Christianisme. Ils sont également très importants dans l’école du Tantra.
Un mantra répété peut canaliser le mental discursif, et on s’en sert dans plusieurs religions. Dans l’hindouisme, il peut être utilisé pour invoquer des divinités, se protéger, enlever les obstacles, atteindre l’illumination, la connaissance, célébrer…
Son pouvoir est lié à l’état d’esprit du récitant. Le son lui-même ayant un pouvoir vibratoire, il n’est pas indispensable d’en connaître la signification, même si celle-ci apporte bien sûr plus de sens à la pratique. Certains mantras doivent être récités d’une façon précise et suivant la même intonation, rythme et mélodie qui a été transmise depuis l’antiquité. D’autres peuvent se chanter avec différentes mélodies, mais il faut toujours respecter la prononciation et la longueur des syllabes, car on peut autrement altérer le sens. Il faut distinguer le mantra de chants dévotionnels ou kirtans.
Un mantra peut être d’origine védique, comme So’Hum ou OM. De la même origine mais plus tardif, il peut se référer à une divinité comme Om Namo Narayana. Un Kirtan est un chant dévotionnel. Et le japa est une répétition dans le but de canaliser l’esprit et méditer.
Il y a certains mantras qui sont populaires dans les cours de yoga car ce sont des invocations pour une lumière spirituelle, la paix, ou simplement pour remercier nos maîtres.
Pourquoi est-ce important? Dans mon expérience, un cours de yoga n’est pas le même sans le chant en début et en fin de séance. En tant que pratiquante, les mantras me mettent dans un certain état vibratoire qui me rappelle que je ne suis pas là uniquement pour faire de l’exercice, mais pour m’intérioriser et explorer qui je suis. En tant que professeure, je l’utilise comme une invocation, pour rappeler que ce que je transmets est une tradition millénaire à laquelle je me soumets.
Pourquoi en sanskrit? Le sanskrit est une langue vibratoire. Chaque son est placé en fonction de sa signification mais aussi de sa force vibratoire. A ce sujet il y a des études démontrant la capacité du OM par exemple à nous intérioriser par sa prononciation et même par son évocation mentale. Donc même quand on ne comprend pas ce que l’on dit, chaque mot agit sur notre organisme et notre entourage. Il vaut mieux cependant avoir une idée de ce qui est dit. Vous pouvez trouver dans l’onglet ressources plusieurs mantras et leurs traductions.
Est-ce religieux? Parfois les textes peuvent évoquer Dieu, et « il » peut prendre une énorme quantité de formes passant de Brahma, Shiva, Vishnu, à Ganesha, etc… mais ce ne sont pas des prières. Il s’agit plutôt d’une façon d’évoquer une énergie divine, quelque chose qui nous dépasse et qui est le fondement de la vie elle-même. Mais il n’y a aucun dogmatisme ni discours religieux dans le sens « institution religieuse » du terme. Ce sont des chants sacrés qui visent à éveiller la spiritualité, mais dans le respect de chacun et ses croyances.
Dois-je chanterobligatoirement? Bien sûr que non. Est laissé à chacun.e le soin d’accompagner ou pas le ou la professeur.e dans le chant des mantras. Mais si c’est par peur du ridicule, sachez que cela n’a jamais aidé personne à avancer. Nous sommes vivant.e.s pour faire des expériences, non?
Call and Response… La meilleure façon de se familiariser avec un mantra est d’accepter de le chanter en réponse au professeur.e lorsqu’il ou elle le propose. Par exemple, il ou elle dit: « Om Bhur Bhuva Svah »…. vous, vous n’avez rien compris mais vous répétez avec lui « Om Bhur Bhuva Svah »… Au bout de quelque temps ça rentre tout seul. Vous pouvez aussi lui demander de vous l’écrire ou lui demander comment le trouver. Peut être même il est déja dans les ressources ;).
Om Shanti Shanti Shantih La plupart de mantras finissent par « Om Shanti Shanti Shantiiii » ce qui veut dire Om Paix Paix Paix. Vous pouvez toujours chanter cela en même temps que le ou la professeur.e qui appréciera votre entrain.
Pour finir, le but de ces chants et de nous éveiller à notre propre nature spirituelle, de soutenir par leurs vibrations notre recherche. Vous êtes seul.e à pouvoir en faire l’expérience, alors faites-là!
Quelle est la signification de ce terme ? En Yoga, nous finissons les cours souvent par ce geste, qui littéralement veut dire, je m’incline devant toi. Mais le sens est beaucoup plus profond. Gandhi a écrit à Einstein sur la signification de Namasté: I honor the place in you where the entire universe resides. I honor the place in you of light, love, truth, peace and wisdom. I honor the place in you where, when you are in that place, and I am in that place, there is only one of us…
C’est à dire « J’honore le lieu en toi où l’univers entier réside. J’honore le lieu en toi de lumière, amour, vérité, paix et sagesse. J’honore le lieu en toi où, lorsque tu es en ce lieu, et je suis dans ce lieu, nous ne faisons qu’un… »
Le mudra, ou le geste des mains jointes devant le coeur, exprime cela. Une salutation d’égal à égal.
Visualisez un réseau électrique parcourant le corps: les nadis sont les fils conduisant l’énergie vitale (prana shakti) et l’énergie mentale (manas shakti), et les chakras sont des sortes des carrefours plus ou moins importants. D’après le Tantra, nous avons 72000 nadis dans le corps.
Parmi ces nadis, trois sont particulièrement importants. Ils sont ida, pingala et sushumna.
Ida (gauche): considéré comme le canal lunaire, il contrôle les activités du mental.
Pingala (droite): considéré comme le canal solaire, il contrôle les activités physiques.
Sushumna est le canal central dans lequel circule l’énergie spirituelle ou Kundalini.
C’est lorsque l’énergie pranique ou vitale, l’énergie mentale et l’énergie spirituelle se rencontrent, qu’on parle de chakras.
Habituellement, notre Kundalini (on parle d’un serpent enroulé sur lui même à la base de la colonne pour symboliser cette énergie) est inactive, et l’énergie circule un peu comme le positif et le négatif, sans allumer les ampoules. Lorsque les 3 forces sont actives, alors on peut parler d’activation des chakras. C’est en soignant à la fois le négatif et le positif que la troisième force peut intervenir.
De cette énergie active dépend notre éveil spirituel, la compréhension de notre vrai nature et de la non dualité…
L’un des exercices pour équilibrer ces deux énergies est nadi shodhana ou la respiration alternée. Je vous en parlais vers la fin de cet article.
Les chakras
Le mot chakra, veut dire roue, mais on peut plutôt parler de vortex énergétique dans le cas de chakras cités ci-dessous.
MULADHARA CHAKRA : Physiquement logé à la toute base de la colonne, ce centre régit la solidité du corps, nos besoins basiques, nos racines. Élément: terre Couleur: rouge Sens: Odorat Organe: Nez Bîja mantra: LAM
SVADISHTHANA CHAKRA : Entre le sacrum et le ventre, ce centre régit la circulation du sang et de l’énergie, la famille, la créativité, les relations, la sexualité. Élément: Eau Couleur: Orange Sens: Goût Organe: Langue Bîja mantra: VAM
MANIPURA CHAKRA : Entre le nombril et la colonne lombaire, nous cumulons ici des tensions liées à la peur et l’anxiété. C’est la zone de feu, de combustion, de chaleur. Régit la digestion, les formes, les couleurs, le sens du moi (ego). Élément: Feu Couleur: Jaune Sens: Vue Organe: Yeux Bîja mantra: RAM
ANAHATA CHAKRA: Au niveau de la poitrine : ici on a les poumons, le coeur, le diaphragme. Régit l’équilibre entre les chakras inférieurs et supérieurs, le gros et le subtil. L’amour qu’il évoque est inconditionnel. Ce qui bloque ici est lié aux tracas de la vie et les problèmes avec nos proches, stagnant dans les bronches. Élément: Air Couleur: Vert Sens: Toucher Organe: Peau Bîja mantra: YAM
VISHUDDI CHAKRA: Il loge dans la région de la gorge. Régit la connaissance, la communication intérieure. Élément: Akasha, traduit par éther. Couleur: Bleu Sens: Ouïe Organe: Oreilles Bîja mantra: HAM
AJNA CHAKRA: Au niveau du troisième oeil, entre les deux sourcils. Régit l’intuition – cessation de la dualité. Élément: Tous les léments sont présents en essence. Couleur: Indigo Bîja mantra: OM
SAHASRARA CHAKRA: Situé sur le sommet du crâne, là où il y a la fontanelle. C’est notre couronne, reliée aux étoiles, à la lune, qui sont en rapport avec ce centre. Ce chakra ne s’active que lorsque la Kundalini s’éveille et les autres chakras sont traversés et équilibrés. C’est le chakra de l’Éveil spirituel.
Il existe différentes sources et textes sur la question des chakras, et on est invité.e.s à se faire une idée en expérimentant et lisant le plus possible à ce sujet. Étant des éléments énergétiques, ce n’est que votre expérience qui pourra guider votre réelle connaissance. Il existe des méditations sur les chakras, dont ma préférée est celle avec les bīja mantras, dont vous avez ici un exemple. Dans le cours de Yoga Nidra, on explore également nos sensations liées à ces centres.
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